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Climat

MAPTA-Climate permet de suivre la durabilité et la résilience des agglomérations urbaines africaines. Il combine des données spatiales nouvelles et innovantes sur les espaces verts, la pollution, les réseaux d’infrastructures et les formes urbaines pour près de 7 200 agglomérations urbaines (de 10 000 habitants et plus) dans 54 pays. Ces données améliorent la compréhension des réalités environnementales fonctionnelles et d'identifier les vulnérabilités actuelles et futures ainsi que les leviers d'action pour un changement transformateur.

Les espaces verts fournissent des services écosystémiques qui renforcent la résilience des villes face au changement climatique et leur durabilité. Ils peuvent atténuer les effets des phénomènes météorologiques extrêmes tels les vagues de chaleur, les fortes pluies, les tempête et  inondations, ainsi que les risques à évolution lente tels la sécheresse, l’érosion des sols et les glissements de terrain. Une analyse du CSAO montre que les espaces verts facilitent la réduction de la pollution atmosphérique dans les agglomérations urbaines d’Afrique. Outre la séquestration et le stockage du carbone, ils contribuent à la qualité de l’eau et à la biodiversité. Ces espaces disparaissent à mesure que les agglomérations urbaines deviennent de plus en plus compactes.

L’indicateur des espaces verts est la fraction d’une agglomération urbaine couverte par des espaces verts. Une valeur de 0,25 signifie que les espaces verts couvrent 25 % de l’empreinte urbaine. La couleur des bulles représente la valeur de l’indicateur pour les agglomérations urbaines en 2015 ou en 2020, selon la sélection sur la carte. Les agglomérations urbaines sont définies selon des critères fonctionnels comme des zones bâties en continu comptant 10 000 habitants ou plus. La taille des bulles représente la taille de la population urbaine. La carte montre les limites des agglomérations urbaines, les indicateurs d’espaces verts urbains et les informations sur la couverture terrestre de l’ESA World Cover pour les années 2020 et 2021 à des niveaux de zoom détaillés. Cliquez sur les bulles pour voir plus de détails sur chaque ville.

 

Cartographie des espaces verts

Proximité des espaces verts par les populations locales

Les villes ayant des niveaux absolus similaires d’espaces verts peuvent présenter des variations significatives en termes de proximité de leur population à ces espaces. En effet, il ne suffit pas de disposer d’espaces verts dans les villes ; les habitants doivent vivre à proximité (c’est-à-dire à moins de 300 mètres) d’espaces verts de taille significative et plantés d’arbres pour bénéficier réellement de leurs effets rafraîchissants pendant les vagues de chaleur. La visualisation des données ci-dessous montre une sélection de villes à travers le continent avec des couvertures différentes d’espaces verts et des parts de populations situées à proximité de ces derniers. Une meilleure compréhension de ces dynamiques spatiales peut aider à concevoir des stratégies ciblées pour préserver et exploiter les espaces verts face à l’urbanisation rapide et au changement climatique.

Les exemples d’Accra et d’Abuja, de Bangui et d’Alger, et de Luanda et de Benin City montrent que des villes ayant une couverture d’espaces verts similaire peuvent avoir des proportions différentes de leurs populations situées à proximité de ces espaces. Des espaces verts bien répartis dans le paysage urbain constituent une stratégie intelligente pour atténuer les effets des chaleurs extrêmes.

Exemple Accra et Abuja : Les deux agglomérations urbaines disposent de la même quantité d’espaces verts, soit environ 20 % de l’empreinte urbaine, mais les proportions de la population pouvant bénéficier de leurs effets rafraîchissants pendant une vague de chaleur sont radicalement différentes : 16 % à Accra et 55 % à Abuja. Les espaces verts pourraient donc offrir une solution naturelle importante aux vagues de chaleur à Abuja, contribuant ainsi à rendre la ville plus vivable, plus durable et plus résistante. À Accra, le manque d’espaces verts répartis dans toute la ville peut exacerber la vulnérabilité au changement climatique et détériorer son habitabilité.

 

PERSPECTIVES POLITIQUES – Comment améliorer la disponibilité et l’accessibilité des espaces verts ?

Inclure la fourniture d’espaces verts dans les instruments de planification urbaine peut permettre une plus grande disponibilité et accessibilité (par exemple, le Plan directeur de Kumasi, le verdissement de Lagos, le Programme d’infrastructure verte du Cap, le Plan de Dar es Salaam). Certains plans désignent les espaces verts existants pour la conservation, tandis que d’autres identifient les friches industrielles pour la restauration, contribuant ainsi à minimiser les compromis avec l’urbanisation rapide et la densification accrue.

Les plans à eux seuls ne sont pas nécessairement suffisants pour garantir les espaces verts, mais nécessitent une coordination horizontale et verticale au sein du gouvernement, ainsi qu’une allocation de ressources (c’est-à-dire des fonds et du personnel) pour la surveillance et l’application. Assurer l’accès aux données sur la localisation, la taille et les types d’espaces verts permet de mieux comprendre les besoins et les défis afin de concevoir des plans adaptés aux lieux, fixer des objectifs clairs, surveiller et évaluer les progrès de ces plans, ainsi que cibler les interventions. Par exemple, mesurer et cartographier l’accès aux espaces verts, comme mentionné ci-dessus, permet d’identifier les zones mal desservies afin de concentrer l’allocation des ressources pour maximiser leurs avantages pour la communauté (comme expérimenté à Dar es Salaam en utilisant l’intelligence artificielle pour cartographier les espaces verts existants). Fixer un objectif de proximité, tel que « chaque foyer est situé à moins de 5 minutes à pied d’un espace vert », aidera à garantir l’accès et guidera la planification urbaine dans la localisation et la conception stratégique des espaces verts (par exemple, la Norme d’Espace Vert Naturel Accessible en Angleterre).

Certaines obligations légales, tels que les frais de développement (c’est-à-dire le paiement par les promoteurs pour construire sur des terrains urbains), peuvent aider à financer la conservation et l’entretien des espaces verts urbains et à en assurer l’accès (par exemple, les frais de développement de Cape Town ou les contributions négociées utilisées pour financer les infrastructures publiques). Une autre mesure qui pourrait aider à maintenir les espaces verts, à mesure que la ville se développe et se densifie, est d’exiger qu’une portion minimale des futurs développements fonciers soit dédiée aux espaces verts publics (comme spécifié pour les futurs développements à Eko Atlantic City à Lagos).

Potentiel de la numérisation et des mécanismes de marché pour la restauration des arbres

Les obligations vertes offrent un moyen de financer la création, la restauration et la conservation des espaces verts urbains. Elles pourraient aider à financer des parcs, des jardins et d’autres espaces verts publics, car ces espaces peuvent contribuer à améliorer la qualité de l’air et la biodiversité urbaine. Le développement d’un marché des obligations vertes nécessite un investissement dans la formation du personnel en matière de réglementations environnementales, sociales et de gouvernance, mais aussi des lignes directrices claires pour les acteurs financiers, ainsi que des incitations pour soutenir les infrastructures résilientes au climat. À ce jour, seule Cape Town a émis des obligations vertes municipales pour financer l’énergie et les transports à faible émission de carbone, mais plusieurs autres villes, de Lagos au Caire, ont également exprimé leur intérêt.

Un exemple intéressant en Afrique de l’Ouest est celui de Freetown en Sierra Leone, qui démontre une approche alternative dans le but de sécuriser le financement et un impact positif à long terme pour la résilience et l’adaptation. À travers un modèle de croissance communautaire, la reforestation est co-conçue et co-gérée par la communauté et le gouvernement municipal. La communauté joue un rôle dans la décision des endroits où planter les arbres et reçoit des paiements pour planter, entretenir et suivre numériquement les arbres à l’aide d’une application mobile dédiée. Ce système numérique suit chaque arbre planté grâce à un enregistrement géolocalisé unique. Ce système permet également de lier la compensation financière pour les cultivateurs à la poursuite du suivi. De plus, les semis sont fournis par des pépinières locales afin de soutenir l’économie locale. Le gouvernement est allé plus loin en tokenisant les arbres plantés pour encourager leur entretien et leur croissance. Ces tokens sont vendus à des entreprises et des institutions ayant des objectifs climatiques ou de responsabilité sociale des entreprises, offrant des opportunités d’investissement à impact. Les investisseurs achètent ces tokens en gros comme compensation carbone de la ville, facilitée par un gestionnaire de fonds tiers. Les revenus générés sont destinés à financer davantage de projets de reforestation et de solutions basées sur la nature, établissant un modèle auto-suffisant.

Préserver et augmenter les espaces verts urbains est un défi considérable compte tenu d’autres enjeux plus visibles comme la pauvreté, les transports et le logement. Cependant et dans le même temps, améliorer et augmenter les espaces verts urbains représente une grande opportunité. La planification des infrastructures vertes urbaines, soutenue par des ressources et de la volonté politique, conduit à des villes plus résilientes et durables.

 

Sources des données

Cet indicateur combine deux sources.  Africapolis fournit les limites spatiales des agglomérations urbaines d’au moins 10 000 habitants et avec moins de 200 m entre les bâtits. La carte WorldCover de l’Agence spatiale européenne (ESA, 2020) montre l’occupation des sols à une résolution spatiale de 10 mètres et utilise des images radar et des images satellites optiques.  La disponibilité des espaces verts dans les villes est la somme de la superficie de trois types de couverture terrestre (km2), les arbres, les zones arbustives et les prairies etc., divisée par la superficie totale de l’agglomération urbaine (km2) selon Africapolis.

 

Citation:

OECD/SWAC (2023), “Jeu de données Espaces verts urbaines”, Cartographier les transformations territoriales en Afrique (CARTA), https://mapping-africa-transformations.org/fr (consulté le JJ-MM-AAAA).

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